Quelle chose étonnante que la matière ! Et si puissante… L’immense majorité des êtres vivants ne connaissent rien d’autre qu’elle, de leur naissance à leur disparition. Elle étend son influence partout, détermine toutes les mutations, enserre toute chose de ses liens cruels ou délicieux. Et pourtant la matière a été vaincue… Le langage est le signe le plus manifeste de cette victoire, lui qui reflète les essences idéales et immatérielles. Qu’est-ce donc qui a pu vaincre la matière, dont l’empire semble si absolu sur tous ceux qui lui sont soumis ? Ce qui a vaincu la matière, c’est son opposé : c’est la ligne. Examinons donc rapidement les principales propriétés de l’une et de l’autre.
- La matière change tout le temps. Chacun de ses états génère un état contraire. La ligne est immobile et immuable.
- La matière a toujours un goût, une saveur, souvent pénible, parfois agréable. La ligne n’a aucun goût, elle est absolument insipide.
- La matière change tout le temps. Chacun de ses états génère un état contraire. La ligne est immobile et immuable.
- La matière a toujours un goût, une saveur, souvent pénible, parfois agréable. La ligne n’a aucun goût, elle est absolument insipide.
- La matière contraint celui qui s’y abandonne. Elle est pure causalité. La ligne se déploie sans contrainte, elle est à la fois manifestation et expérience de la liberté.
- La matière tend vers l’anéantissement. La ligne est éternelle.
S’affranchir de la matière n’est pas une entreprise aisée, mais du moins le chemin pour y parvenir est clairement identifié. Il faut pour cela se couper des données sensorielles, se rendre indépendant des circonstances, ne pas dévier. Dès lors, avec le temps, quelque chose se dégage des contingences, une discipline, une ligne. Alors seulement l’existence entre dans une nouvelle dimension : l’antique aliénation disparaît, le sujet domine son environnement, la vie devient un acte créatif.
- La matière tend vers l’anéantissement. La ligne est éternelle.
S’affranchir de la matière n’est pas une entreprise aisée, mais du moins le chemin pour y parvenir est clairement identifié. Il faut pour cela se couper des données sensorielles, se rendre indépendant des circonstances, ne pas dévier. Dès lors, avec le temps, quelque chose se dégage des contingences, une discipline, une ligne. Alors seulement l’existence entre dans une nouvelle dimension : l’antique aliénation disparaît, le sujet domine son environnement, la vie devient un acte créatif.