J’aime beaucoup Cioran. Moins sérieux que Nietzsche, il est en réalité bien plus profond, et surtout bien plus malin, ce qui lui a permis de ne pas perdre la raison et de mourir à quatre-vingt-quatre ans. Cioran est un authentique philosophe, il a trouvé un truc génial pour faire face à tout, c’est l’idée du suicide. Plus que l’idée de Dieu, plus que les sagesses antiques, plus que la méditation, l’idée du suicide a constitué pour lui une source immédiate et toujours disponible d’apaisement. En dénonçant le bonheur, l’espoir, l’harmonie comme des chimères ridicules, il s’est certes condamné à vivre dans la constante proximité du malheur, du désespoir et du déséquilibre. Mais ce qu’il a tiré du constat du néant de toutes choses et de la vanité de toute vie humaine, et surtout de la possibilité toujours offerte d’y mettre un terme, est plus précieux à vrai dire que l’univers entier, et si rarement atteint par un mortel : c’est la conscience d’une liberté infinie.
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