Le but de toute spiritualité authentique est d’atteindre l’unité. Sur ce point, les monothéismes abrahamiques et les sagesses orientales concordent. Mais les sagesses orientales appréhendent l’unité à travers des concepts universels : Brahma, le Tao, etc. Tout ce qui est singulier, pour elles, relève de l’illusion. La démarche spirituelle consiste à s’abstraire de l’emprise du singulier pour atteindre, en soi, l’unité.
Le peuple juif, et lui seul, a inventé une autre voie. En s’inscrivant dans l’Histoire, en révélant sa Loi à une époque déterminée, à un homme déterminé, en établissant sa demeure en un point précis du globe, il a inauguré une conception du sacré tout autre, qui sera ensuite reprise par le christianisme et l’Islam.
Intellectuellement, je me sens peut-être plus proche de la première option. La Bhagavad-Gîtâ est sans doute le texte humain qui, pour moi, se rapproche le plus de la vérité métaphysique. Pourtant, force est de constater que ces abstractions, ou du moins leur énoncé théorique, ont bien moins de prise sur moi que les pages de la Bible et du Coran, auxquelles je reviens sans cesse. Tout ce qui est singulier attire l’attention et la retient, tandis que l’universel s’évapore assez vite dans le nébuleux. Nous avons besoin d’objets singuliers auxquels nous raccrocher, avant de nous élever dans l’absolu. Penser à Moïse, à Jérusalem ou au Christ est bien plus aisé que de concevoir l’Âtman ou Brahma. La vie s’affirme en se singularisant, tel est son mouvement, et les Formes éternelles ne s’accomplissent qu’à travers des êtres singuliers. Il faut donc, en définitive, aller vers le singulier, non vers l’universel, pour atteindre l’unité.
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