L’axiome de Cioran : « Tout est décevant », je le reformulerais de la façon suivante : « Nous n’adhérons jamais complètement à aucune de nos expériences. » Hier soir, en regardant les feux d’artifice, des pensées me venaient, mon esprit vagabondait, bref je n’étais pas totalement absorbé par le spectacle. Et c’est ainsi pour toutes les expériences. Même quand on se concentre sur quelque chose, qu’on s’y implique totalement, cette concentration est le fruit d’un choix, d’une volonté, elle n’est nullement inhérente à l’expérience. En un sens, tout est donc décevant, car rien ne nous fait vraiment sortir de nous-même. Pourtant, cet espace entre le sujet et l’événement est en réalité le plus grand don des dieux, car il garantit notre liberté inaltérable et notre souveraineté par rapport à tout ce qui peut nous arriver. (Jouir de cette liberté demande toutefois une certaine discipline, car chacun tend spontanément à adhérer de toutes ses forces aux circonstances, les bonnes comme les mauvaises. Le détachement nécessite donc de l’entraînement, des exercices, comme Platon, avant bien d’autres, l’a écrit dans le Phédon.)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire