La plupart des critiques français, y compris Sollers, lorsqu’ils parlent de l’œuvre de Bukowski, évoquent une peinture au vitriol de l’envers du décor de la société américaine contemporaine, etc. Ils restent figés dans des schémas naturalistes, presque misérabilistes, c’est l’angle sous lequel ils veulent le lire. Or, pour moi, il n’y a rien de moins réaliste que l’œuvre de Bukowski. L’écriture, chez lui, est une puissance de transfiguration de la réalité. La fantaisie y est omniprésente, et la liberté du sujet prime toujours sur l’univers décrit. L’humour est un corollaire de tout ceci. Bukowski n’écrit pas pour dénoncer le monde dans lequel il vit : il écrit pour donner naissance à un autre monde, complètement fantaisiste. C’est en cela qu’il est un grand écrivain. Mais les critiques français éprouvent une telle fascination pour tout ce qui vient des États-Unis qu’ils ne peuvent pas l’appréhender autrement que sous l’angle de la peinture objective.
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