Je crois qu’on passe à côté d’une dimension primordiale de l’œuvre de Platon si l’on ne voit pas qu’à partir d’un certain âge il écrivait ses dialogues en partie pour s’amuser. On a pu soutenir que certains dialogues, le Parménide en particulier, reflétaient une crise intellectuelle de Platon, qui en serait venu à douter de sa propre théorie des Idées. A mon avis il n’en est rien. Je crois plutôt que Platon avait délivré l’essentiel de son message dans la République et le Phédon, et qu’ensuite, comme il l’écrit lui-même dans le Phèdre, il a consacré sa vieillesse à un divertissement plus noble que le vin et les banquets, à savoir l’écriture. D’où la dimension aporétique et très abstraite de ses derniers dialogues : il s’agit d’une gymnastique intellectuelle. En outre, je crois déceler chez le vieux Platon une certaine répugnance à confier ses pensées les plus précieuses à l’écrit. A quoi bon exposer à la critique et aux railleries des imbéciles ses convictions métaphysiques ? Certaines choses ne doivent pas être exprimées, on rencontre cela dans toutes les traditions spirituelles. Dès lors, autant s’amuser et décrire l’Atlantide comme dans le Critias ou la configuration matérielle de l’univers comme dans le Timée…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire