Depuis quelques jours, je me suis replongé dans Les Fleurs du Mal de Baudelaire. Force est de constater que le charme agit toujours. Quel livre unique… Jamais je crois on n’a vu une rupture aussi nette dans l’histoire de la poésie. Jusqu’aux Fleurs du Mal, il y avait dans toute poésie une part, parfois prépondérante, de déclamation. Baudelaire tranche ce fil, et le tranche à jamais. Tous les poètes postérieurs, sans exception, sont issus de lui. Nul autre auteur français ne peut se targuer d’une telle postérité.
La clé du pouvoir de Baudelaire, c’est sa maladresse. Comme il ne peut pas compter sur sa virtuosité (ou, dirait Gide, comme il se refuse à l’employer), il compense par l’intelligence et la rigueur de construction. Il est appliqué, ce qui semblait inconcevable pour un poète. Il est humble, il ne s’aime pas (contrairement aux romantiques), et en littérature, comme en politique, comme en tout, c’est la modestie qui ouvre la voie aux entreprises déterminantes.
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