Le sacrifice d’êtres vivants se trouve au fondement de toutes les religions. On le trouve chez les Grecs, les Hébreux, les Hindous, les Chinois, les Incas. Il est toujours pratiqué dans l’Islam et, d’une manière symbolique mais centrale, dans le christianisme. Quelle est donc l’essence du sacrifice, cette pratique ancestrale, plus ancienne et plus universelle que toutes les autres ?
Le sacrifice, à mon sens, possède deux vertus principales. Il permet tout d’abord, de manière instantanée, l’unité de l’esprit, qui est la chose la plus précieuse que les hommes puissent posséder. Le spectacle d’un animal (ou d’un humain) mis à mort sollicite toute l’attention, plonge le spectateur dans l’instant présent et purge la conscience de toutes les impuretés abstraites et égocentriques qui l’encombrent. En second lieu, et c’est le plus important, le sacrifice met le spectateur en présence de la liberté ontologique de tout être vivant. Avec l’animal mis à mort, c’est toute sa représentation du monde qui est détruite. L’univers perd alors son caractère nécessaire et apparaît tel qu’il est vraiment : gratuit, nouveau, contingent, disparaissant et renaissant sans cesse. L’action devient alors possible.
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