Je lis l’Iliade d’Homère dans l’excellente traduction de Robert Flacelière. Ce poème a la réputation d’être ennuyeux (telle était par exemple l’opinion de Paul Valéry). Et, malheureusement, force est de constater que cette réputation n’est pas totalement infondée. On se lasse un peu devant cette succession de combats, de massacres. La cause de cette lassitude provient, à mon avis, de la difficulté que l’on éprouve à s’identifier aux personnages. Achille, Agamemnon, Ajax, Diomède, Hector sont des surhommes, des demi-dieux, et c’est cette grandeur, cet héroïsme qui plaisaient aux Grecs de l’époque archaïque. Mais, pour un lecteur moderne, passé le charme de la découverte, cette atmosphère devient vite monotone, répétitive, pour tout dire étouffante. C’est au contraire ce qui fait tout l’attrait des pièces de Racine, par exemple, que la facilité avec laquelle on s’identifie à ses personnages, si ombrageux, inconstants, excessifs dans le bon et surtout dans le mauvais. Les personnages de Corneille paraissent toujours pontifier en comparaison. On peut le déplorer, mais l’âge des héros semble bel et bien derrière nous, et la vocation de la littérature n’est plus de susciter l’émulation, mais de démasquer nos faiblesses et nos vices.
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