Je vois peu de siècles qui présentent une uniformité idéologique aussi forte que le dix-huitième siècle. Tous ces fameux philosophes des Lumières passaient leur temps à se chamailler, mais au fond ils pensaient tous la même chose. Ils étaient convaincus que la nature était bonne, que le bonheur était la finalité de l’existence, que les sens ne nous trompaient pas, etc. Même un isolé comme Rousseau, même le subtil Laclos s’inscrivent complètement dans le champ idéologique de leur époque. L’idée du péché originel, du vice et des misères inhérents à toute société humaine leur est absolument étrangère. Je force un peu le trait sans doute, mais une certaine candeur un peu niaise constitue vraiment le fond de toute cette littérature. Or l’on n’est jamais niais impunément, et il n’est pas surprenant que tout cela ait débouché sur Sade et sur les orages de l’histoire.
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