Quelle drôle de chose que la vie ! Il y a de longues, de très longues phases uniformes et monotones, puis, dans une brève concentration de temps, beaucoup d’événements se produisent, de nouveaux visages apparaissent avec lesquels on interagit, des paysages exotiques se présentent à nos yeux, des plages de sable fin, des cocotiers ou des temples grecs. Puis, tout aussi brusquement, tout ceci replonge dans le néant, et le souvenir qu’on en a ne diffère en rien de celui d’un songe. Oui, vraiment, c’est à juste titre que les sages de toutes les époques ont soutenu que l’existence n’avait pas plus de consistance qu’un songe : les événements improbables s’y succèdent sans davantage de liaison que dans nos rêves, et sans que nous ayons davantage d’influence sur eux. Parfois c’est oppressant, parfois c’est agréable, mais chaque phase est de toute façon éphémère et laisse vite place à une autre. Choisir de rester vivant, c’est donc permettre à ce spectacle de se renouveler, indéfiniment.
Il y a pourtant une chose qui dépend de nous dans cette réalité onirique, et c’est la plus importante : il s’agit de la tonalité d’ensemble. Si l’on décide de parcourir ce rêve avec une ferme détermination, alors tous les éléments se succèderont sur un fond de ferme détermination. Si l’on cède à la passivité, alors les éléments du songe prendront le dessus et nous engloutiront. Il serait vain de croire que la mort mette un terme à ce processus. Le rêve se poursuit ailleurs, dans d’autres univers, dans d’autres dimensions, et c’est toujours le rêveur qui crée les architectures splendides et démesurées dans lesquelles il se meut.
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