Il y a tout de même quelque chose de paradoxal dans la pratique des différentes vertus, c'est qu'elles nous mettent constamment en présence de leurs antipodes. Un homme parvenu au comble de la sagesse sera condamné à vivre entouré de personnes qui lui paraîtront stupides, l’homme le plus courageux de la terre ne verra que des lâches autour de lui. Et il en est de même pour toutes les autres vertus : celui qui cultive le détachement aura sans cesse de l’excitation et de la fébrilité sous les yeux, tout sera excessif pour l’homme tempérant, tout semblera grossier à l’homme subtil, etc. En voulant fuir un défaut particulier, en l’éradiquant de sa personnalité, on ne fait en réalité qu’exacerber sa sensibilité à ce même défaut chez les autres. Difficile problème… Peut-être est-ce à cause de ce phénomène que certaines sagesses anciennes préconisaient le juste milieu en toute chose et faisaient l’éloge de la banalité. C’est que les opposés s’engendrent mutuellement. Comme dit Lao-tseu : « Lorsque tous les hommes ont su apprécier la beauté, alors la laideur a paru. »
Difficile de rajouter quoi que ce soit à ce texte si juste, cher Laconique. J'aime quand vous êtes concis comme dans ce beau bloc de mots.
RépondreSupprimerEn lisant le début j'étais justement en train de précéder la fin de l'article et de me dire que la source du problème est la sensibilité exacerbée que l'on développe.
Comme vous le dites, le problème est épineux, vous aussi ne faites que constater sans proposer de solutions.
Doit-on devenir de gros rustres afin de ne pas souffrir de la présence nos semblables ? Mais alors, dans ce cas, ce seront les êtres raffinés qui peut-être nous feront souffrir ! Toutefois, cela semble un moindre mal, car ils sont moins nombreux que les subtiles... Mais quelle vie d'être une bête alors que nous avons des trésors de finesse en nous !
Non, non, si vous voulez mon avis, cher Laconique, la vraie solution consiste en l'indépendance maximale : être reclus dans sa tour d'ivoire, modérer et gérer habilement ses contacts avec l'extérieur sans rien attendre en retour, s'élever au-dessus de la masse tant que faire se peut sans devenir pour autant un snobinard prétentieux, plutôt un sage. Être un Marginal Magnifique quoi...
A bientôt !
Vous avez parfaitement saisi les données du problème, cher Marginal, et je vous remercie pour ce commentaire qui tente de dégager une solution. J'essaie toujours moi-même de terminer mes petits textes sur l'esquisse d'une solution, sur une perspective positive, mais dans ce cas je n'ai rien trouvé... Votre suggestion me semble avisée : ne pas renoncer à travailler sur soi, choisir avec soin les personnes avec lesquelles on peut s'ouvrir, et cultiver la patience avec les autres. Vous me convertissez (mais ne l'étais-je pas déjà ?) à la marginalité, puisse-t-elle être magnifique comme la vôtre !
RépondreSupprimerVous m'interessez, je vous mets en lien...
RépondreSupprimerLa Brebis est sur tous les fronts !
SupprimerJe t'ai juste suivi Le Magnifique et le labyrinthe m'a mené là. Dis donc, c'est bien sur L'organe que je t'ai dégotté, petit malin !
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