S’il y a un auteur qui a tout me plaire, c’est bien Cicéron. Il y a là tout ce qui me parle : une conception austère de la vertu, l’évocation constante du passé glorieux de Rome, les longues périodes qui rendent un son mat et altier. Un soir, je me suis donc plongé dans son chef-d’œuvre, le Traité des devoirs, rédigé quelques mois avant sa fin tragique, et dédié à son fils Marcus. La nuit qui suivit fut agitée, peuplée de visions absurdes.
J’ai toujours été très attentif à la qualité de mon sommeil. On ne plaisante pas avec ça. Les Anciens y voyaient une porte d’accès vers les puissances supérieures, un moyen pour les divinités de délivrer leurs messages aux mortels. Et je compris que ce sommeil troublé, c’était comme si une divinité s’était adressée à moi et m’avait déclaré : « Ô mon pieux ami, dégage-toi de cette voie. Sépare-toi de ce qui t’es le plus cher, la sublime vertu romaine, la souveraine puissance du discours, car c’est une illusion, un chemin qui ne mène nulle part. L’attachement au devoir, à la patrie, à l’honneur, si noble soit-il, reste un attachement malgré tout. Il ne conduit en définitive qu’au désarroi et reste infiniment inférieur au détachement véritable. Mets-toi à l’école de Marc Aurèle, de celui qui, maître du monde, a pu déclarer : “Alexandre de Macédoine et son muletier, une fois morts, reviennent au même état.” Quitte tout, abandonne tout, et tu trouveras la Lumière. »
C’est là une injonction qui pourrait s’adresser à chacun. Nous sommes tous appelés à nous affranchir de nos passions les plus profondément enracinées, pour nous engager dans le mystérieux parcours d’évolution et de métamorphose auquel la nature nous convie. Saurai-je préférer ce dénuement à tous les prestiges de la langue et de l’histoire ?
J’ai toujours été très attentif à la qualité de mon sommeil. On ne plaisante pas avec ça. Les Anciens y voyaient une porte d’accès vers les puissances supérieures, un moyen pour les divinités de délivrer leurs messages aux mortels. Et je compris que ce sommeil troublé, c’était comme si une divinité s’était adressée à moi et m’avait déclaré : « Ô mon pieux ami, dégage-toi de cette voie. Sépare-toi de ce qui t’es le plus cher, la sublime vertu romaine, la souveraine puissance du discours, car c’est une illusion, un chemin qui ne mène nulle part. L’attachement au devoir, à la patrie, à l’honneur, si noble soit-il, reste un attachement malgré tout. Il ne conduit en définitive qu’au désarroi et reste infiniment inférieur au détachement véritable. Mets-toi à l’école de Marc Aurèle, de celui qui, maître du monde, a pu déclarer : “Alexandre de Macédoine et son muletier, une fois morts, reviennent au même état.” Quitte tout, abandonne tout, et tu trouveras la Lumière. »
C’est là une injonction qui pourrait s’adresser à chacun. Nous sommes tous appelés à nous affranchir de nos passions les plus profondément enracinées, pour nous engager dans le mystérieux parcours d’évolution et de métamorphose auquel la nature nous convie. Saurai-je préférer ce dénuement à tous les prestiges de la langue et de l’histoire ?