J’ai découvert The Rocky Horror Picture Show assez tard dans ma vie, mais c’est devenu un de mes films préférés, que je regarde au moins une fois par an. C’est un film unique, qui figure dans le Livre des records à plusieurs titres : il est toujours diffusé dans certaines salles de cinéma plus de quarante ans après sa sortie, ses projections donnent lieu à d’étranges rituels, il a des fans absolus, comme Sal Piro qui l’aurait vu plus de deux mille fois depuis 1975. C’est le film culte par excellence. Mais derrière la surface délurée et sataniste, ne faut-il pas voir dans The Rocky Horror Picture Show la présence d’un autre message, un message caché, un message pour tout dire chrétien ?
Plusieurs pistes vont dans ce sens. On peut en citer trois :
1. La dénonciation de l’illusion politique. Un détail du film, presque imperceptible, me semble lourd de signification. Au début du film, Brad et Janet sont dans leur voiture, lorsqu’on entend à la radio la voix de Richard Nixon annonçant sa démission après le scandale du Watergate. On entre alors symboliquement dans un nouveau monde, un monde sans politique, sans lois, où le pouvoir est dénoncé comme une imposture malhonnête et délétère. C’est exactement le rapport qu’entretenaient les premiers chrétiens avec le pouvoir, en particulier romain (voir l’Apocalypse de Jean). Dorénavant, c’est un autre ordre qui va se mettre en place, fondé sur une liberté absolue, celle de Frank-N-Furter dans le film, celle du Christ dans le Nouveau Testament.
2. Le sacrifice eucharistique. Dans le film, Eddie est tué par Frank, puis son corps est mangé lors d’un repas solennel qui réunit tous les personnages, lesquels entonnent une chanson à sa mémoire. Je n’insiste pas sur le parallèle.
3. La promotion d’un idéal communautaire. Le film commence par une scène de mariage, à la suite de laquelle Brad fait officiellement sa demande à Janet. Le point de départ des personnages est donc l’idéal bourgeois et mesquin du couple hétérosexuel, attendri par son petit confort matériel et égoïste. Tout le film sera l’histoire du passage de cet état à une liberté sexuelle absolue, où les frontières entre les sexes n’ont plus cours, où tout le monde s’offre à tout le monde, sans appartenance exclusive, sans engagement, sans souci du lendemain. De façon significative, le film s’achève par une scène de partouze dans la piscine du château, avec ces deux mots d’ordre : « Give yourself over to absolute pleasure », et « Don’t dream it, be it ». On retrouve là l’idéal communautaire bien connu des Évangiles et des premiers chrétiens.
Il y aurait encore bien d’autres choses à dire sur The Rocky Horror Picture Show, ce film si particulier, dont il se dégage une atmosphère si spéciale. C’est un de mes films préférés, c’est un des rares films qui parlent à mon cœur.
Hum, vous êtes un marginal au même titre que moi, cher Laconique, je ne suis donc pas surpris que ce film qui a fait les beaux jours, ou plutôt devrais-je dire les belles nuits, des séances de minuit dans les années 1970, au même titre que Night of the dead, Freaks ou encore Evil Dead (c'est dire !) "parlent à votre cœur" ! Puis the Horror Picture Show est un film bien porté sur la chose si je me souviens bien, ce qui n'est pas pour vous déplaire, cochon.
RépondreSupprimerCependant, je connais très peu ce film, l'ayant vu qu'une seule et unique fois et étant encore sans doute trop jeune et trop intégré pour l'apprécier à sa juste valeur. Je vous avoue que ce mélange de comédie musicale, d'horreur et de foire m'avait laissé pour le moins dubitatif.
En tout cas, si je ne suis pas en mesure de débattre sur la teneur de votre article, je vous remercie de me faire croiser la route de ce film à nouveau : cela me permettra retenter l'expérience. Et vous innombrables lecteurs apprécieront que vous les initiiez un peu au ciné plutôt qu'à la politique.
Je peux comprendre ces réticences, cher Marginal. C’est vrai que c’est un vieux film, bizarre. Moi aussi au début j’ai pas trop su comment le prendre. Et puis je crois que les films musicaux il faut les revoir pour les apprécier, pour s’imprégner des chansons. La première fois on ne peut pas les apprécier pleinement. Mais bon, maintenant je suis fan, vraiment. C’est aussi apparemment un des films préférés de Rob Zombie. On sent l’influence dans La Maison des mille morts, son meilleur film. Le même côté un peu forain qui vous avait également laissé dubitatif si je me souviens bien. Et dans Halloween 2, son plus mauvais film, l’héroïne se déguise en Magenta, la soubrette du Rocky Horror Picture Show. Bon, y a peu être les goûts musicaux qui entrent en compte, vous êtes plus rap, moi j’ai toujours été rock.
RépondreSupprimerQue voulez-vous, il y a trois ou quatre films que je vénère et sur lesquels je pourrai écrire des livres entiers. J’y reviendrai peut-être prochainement, avec autant de lucidité, je l’espère, que pour la politique, domaine dans lequel j’ai prédit l’avenir et annoncé l’ère dans laquelle nous vivons, ainsi que l’avenir effroyable du pire de nos hommes politiques, bien longtemps avant que ces faits ne se produisent, et sous votre regard sceptique malheureusement, je suis bien forcé de le reconnaître.