Lu Je t’aime, Albert (Hot water music) de Charles Bukowski, avec beaucoup de plaisir. Bukowski est vraiment le maître de la nouvelle, c’est à vrai dire le seul auteur que j’apprécie dans ce genre, aucun autre ne peut rivaliser avec lui. Il a sa manière, à la fois improvisée et impeccable, qui génère une espèce d’euphorie, un sentiment de liberté et d’authenticité. Il distille des vérités fondamentales sur la vie et la condition humaine au détour d’une réplique, d’une observation. Il est d’un pessimisme radical, mais il a le don de nous mettre de bonne humeur. Dans ces conditions, difficile de résister, et je ne connais personne qui dise du mal de Bukowski. Tout l’intérêt de ses textes, à la vérité, vient de l’auteur, de sa personnalité, c’est lui qu’on cherche et qu’on est heureux de trouver, et il en a parfaitement conscience, il se met en scène sans cesse, avec son flegme éthylique, son œil pétillant, ses dérapages scatologiques. On recueille les pommes, mais c’est le pommier qui nous intéresse en fin de compte. Tout le contraire des écrivains actuels (Musso, Joël Dicker) qui s’effacent complètement derrière leur mécanique romanesque.
Malgré tout, il y a toujours eu je ne sais quoi qui m’a retenu d’adhérer inconditionnellement à l’œuvre de Bukowski. Sa manière de tourner en ridicule certains êtres m’agace (les poètes ratés qui vivent aux dépens de leur mère ou de leur copine par exemple, figure récurrente chez lui). Stephen King ne se moque de personne, et il vient d’en bas lui aussi. Au fond, derrière l’euphorie immédiate, le lecteur se sent toujours un peu rabaissé en lisant Bukowski : le vieux Buk tient mieux l’alcool, il est plus drôle, plus coriace, il plaît davantage aux femmes, il couche davantage, il a une plus grosse bite, etc. Tout ça est très explicitement répété, nouvelle après nouvelle. Au fond, Bukowski ne propose pas une voie universelle, c’est un cas unique, il l’écrit noir sur blanc (« Ne te compare pas à moi, c’est l’erreur que la plupart des gens font »), et je crois que c’est ça qui me gêne le plus. Ça heurte mon côté à la fois catholique et philosophique : pour moi les livres sont des outils de partage, de communion, l’auteur tend la main au lecteur et le guide vers des contrées qu’il a déjà, pour sa part, foulées. Chez Bukowski, on admire la bête de foire et après on rentre chez soi.
Seriez-vous jaloux de la "grosse bite" de Buk, cher Laconique ?
RépondreSupprimerLol. J’adore notre époque, cher Marginal. Booba et les grosses bites, il n’y a que ça de vrai !
RépondreSupprimerbof, vous n'êtes pas en reste, cher Laconique : votre appendice turgescent ferait rougir Buk, Booba, Kaaris et Rocco himself !
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