Lu Les Possédés de Dostoïevski. Cela faisait très longtemps que je voulais le lire. Je m’attendais à un roman politique, or les théories politiques ne sont pas vraiment développées, l’accent est porté davantage sur la psychologie. Tout passe par la psychologie chez Dostoïevski, ou plutôt tout est imbriqué : les facteurs explicatifs (idéologiques, psychologiques, biographiques, narratifs) se rejoignent et se confondent à un point tel qu’il est impossible de les distinguer. C’est du grand art, et c’est une conception profondément chrétienne (biblique) : tout passe par l’homme, c’est l’homme qui fait advenir les théories dans le monde, elles n’ont pas d’existence indépendante, dans les nuages. Roman d’une densité folle, mille pages et chaque mot compte, avec des renvois et des allusions à chaque ligne. Complexité dans l’art romanesque qui n’a sans doute pas été dépassée. J’ai malgré tout du mal, je trouve cela très long, les enjeux apparaissent rarement en pleine lumière, c’est une esthétique qui n’est pas la mienne, mais qui convient très bien au monde moderne, dans lequel les choses vraiment importantes se passent le plus souvent dans l’ombre et le secret. Appréhension très juste de la psychologie féminine, étonnamment actuelle, comme toujours chez Dostoïevski.
Lu La Marge d’erreur, le dernier roman de Nicolas Rey. Roman émouvant en ce qu’il dépeint un auteur au bout du rouleau, quasiment en fin de vie. Toujours les qualités d’élégance et de concision que j’apprécie tant chez lui. Des passages un peu faibles sur la fin (Rey est moins bon dès qu’il entre dans la narration, l’imaginaire). Et toujours ces passages extrêmement crus, qui confinent à la scatophilie, marque d’une sincérité certaine chez Rey par rapport aux attendus du roman sentimental, mais qui font basculer l’ouvrage du côté de la pornographie, genre Louÿs, etc. Dans l’ensemble, vie moderne, entièrement dominée par le subjectif, le sentimental, l’interpersonnel, et dans laquelle l’objectif et la transcendance sont à peu près complètement absents. Combien de vies comme celle-ci à notre époque ? Où est la liberté dans tout cela, cette liberté qui constituait le bien le plus précieux à la fois pour les philosophes et pour les croyants ?
Bonjour Laconique.
RépondreSupprimerJe suis tombé sur cet article qui traite de la critique de la société américaine (dans ses aspects industriels et capitalistes) dans la littérature du XXème siècle. Je me suis dit que ça pourrait vous intéresser.
Merci pour ce lien, cher Johnathan Razorback. J’ai regardé, cela concerne en effet la littérature américaine de la première moitié du vingtième siècle, une période de grands bouleversements techniques et moraux. Je connais mal, moi c’est surtout à partir des années 60-70 (Dick, Bukowski). Mais Henry Miller par exemple est culte.
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