Relu Candide de Voltaire, avec plaisir et intérêt. Il est intéressant de noter que la plupart des contes de Voltaire tournent autour d'intrigues amoureuses ratées. Cela reflète sa vision du monde, qui est aussi la nôtre. Voltaire a passé sa vie à étudier la Bible, qu'il considérait comme un ramassis de fables et d'absurdités. Il ne croyait plus en rien. Alors dans un tel monde privé de transcendance, la seule chose qui reste, c'est la femme. Seulement Voltaire connaissait très bien les Écritures, ainsi que l'histoire de l'Antiquité, ses cultes, sa littérature, et il voit la misère de la femme en comparaison, son inconstance, etc. C'est pourquoi toutes les romances qu'il décrit sont ridicules. Dans un monde ramené au jeu de forces antagonistes, sans perspectives, sans idéal, où la matière, l'argent, le pouvoir font la loi, la femme est forcément au centre de tout, elle est forcément coquette et vénale, et l'homme est forcément ridicule. En ce sens Voltaire est le premier auteur moderne, et il y a du Woody Allen dans ses facéties. Rousseau représente la phase suivante, l'homme qui idolâtre la femme, qui n'en voit même plus les défauts, les petitesses. On pourrait tracer une ligne chronologique de Racine à Rousseau en passant par Voltaire : Racine, celui qui croit encore aux valeurs classiques et structurantes, objectives, qui soutiennent le monde : la souveraineté, la Providence biblique, la vengeance des dieux, etc. ; Voltaire, l'homme qui connaît parfaitement cet univers classique et ordonné, mais qui n'y croit plus ; Rousseau, le dernier homme, l'homme purement subjectif et émotionnel, qui ne soupçonne même plus l'existence d'un monde objectif et supra-individuel.
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